Journal de quarantaine: confinement et desinfection
Jour 8 – et j’en ai deja marre. Seul point positif, ayant ressorti mon routeur wifi j’ai enfin acces a Messenger – mais c’est tout. Messenger est gratuit et le plus souvent accessible ici, tout comme Whatsapp et evidemment Facebook. Rien d’autre ne passe. Mais au moins je peux communiquer avec mes co-detenus.
Depuis quelques jours, on sait officiellement que le virus est parmi nous. Un touriste australien de 23 a ete confirme positif. La gestion du cas a ete, comme on pouvait s’y attendre, magistrale de rigueur et d’efficacite. Le type a ete severement malade trois jours durant dans sa chambre d’hotel de Port Barton, avec tous les symptomes (fievre, toux, diarrhee). Transporte a l’hopital de Puerto, celui-ci a envoye les prelevements a Manille pour analyse… et laisse partir le type dans l’intervalle. Celui-ci a pris un hotel et s’est balade librement pendant deux jours avant de prendre l’avion et de rentrer chez lui via Angeles, tranquillou. Trois jours plus tard, les resultats sont arrives.
Heureusement, apres ce fiasco, les autorites competentes ont su prendre la seule decision qui s’imposait: desinfecter le sable de la plage de Port Barton Je ne plaisante pas. Ils ont fait asperger le sable de la plage par des Ghostbusters. Peu importe que le virus ne survive que quelques heures a l’air libre, il s’agit d’etre proactif et de justifier l’envoi de ces equipements par Manille. On se sent tout de suite rassure, notre sante est en de bonnes mains. Esperons qu’ils ont pense a donner un coup de spray sur l’ocean aussi, a defaut de pouvoir changer l’eau tous les deux jours.
Les Philippines sont deja en temps normal un pays profondement chaotique, fragmente, desorganise, ou les choses fonctionnent a peu pres, tout juste, ou pas du tout. Ou rien ne semble vraiment avoir de sens. En temps normal, on s’en accomode. Avec les evenements a venir, on ne peut que craindre que les choses atteignent tres vite un niveau de bordel, d’inefficacite et d’absurdite effrayant.