Pour dire adieu a Youtube
Censure et démonétisation des vidéos traitant de sujets « sensibles » ; suppression des chaînes jugées politiquement incorrectes ; collecte des données personnelles, suivi et profilage des utilisateurs… YouTube ne fait même plus semblant de respecter ni la liberté d’expression ni la sphère privée. Heureusement, il existe des alternatives. Petit tour d’horizon.
Ce n’est pas un secret : YouTube et sa maison-mère Google, qui a racheté la plateforme en 2006, amassent autant d’informations que possible dans le but de cerner le profil et les intérêts de ses utilisateurs (« améliorer notre service », selon le jargon officiel). YouTube connait et exploite entre autres votre position géographique, les apps installées sur votre smartphone, votre historique web, le contenu de vos messages et commentaires, et bien sûr toutes les vidéos que vous avez visionnées. L’entreprise partage ces données avec ses partenaires commerciaux et les transmet aux autorités à leur demande, voire automatiquement.
La filter bubble
La première conséquence est d’enfermer l’utilisateur dans une filter bubble : l’algorithme de YouTube vous proposera des recommandations selon ce qu’il pense savoir de vous, omettant ainsi toutes autres sources d’informations, contradictoires par exemple.
Mais surtout, le site est réputé pour ses pratiques promotionnelles peu claires et sa censure de plus en plus brutale. Ses règles relatives aux prétendues « fake news » sont régulièrement modifiées et élargies. Ainsi, depuis le mois d’octobre, toute vidéo traitant des vaccins anti-covid et qui ne se contente pas de reprendre les informations officielles des autorités sanitaires et de l’OMS est immédiatement supprimée.
Éviter les sujets « sensibles »
La plateforme use aussi d’autres stratégies plus subtiles, comme la démonétisation de toute vidéo traitant d’un sujet défini comme « sensible ». Une vidéo mentionnant le terme coronavirus, par exemple, sera automatiquement démonétisée. Conséquence : les Youtubeurs évitent soigneusement les sujets qui fâchent.
Peut-être serait-il temps d’aller voir ailleurs ? Car si le géant YouTube reste incontournable (jusqu’à 300 heures de vidéos téléchargées chaque minute, près de 5 milliards de vidéos regardées chaque jour), il ne détient pas le monopole des vidéos de chatons. Il existe notamment des plates-formes décentralisées et résistantes à la censure, qui bénéficient aux créateurs de contenu et non aux actionnaires.
DTube
DTube est un site relativement nouveau mais en plein développement, axé sur la confidentialité. Derrière une interface calquée sur celle de YouTube, son contenu est totalement décentralisé : les vidéos ne sont pas stockées sur un serveur central, mais sur un système de blockchain. Les données personnelles des utilisateurs sont à peu près inviolables, et surtout, le site garantit la liberté d’expression : c’est la communauté qui régule la plateforme. Cerise sur le gâteau, DTube ne diffuse pas de publicité, et n’a pas d’algorithme de recommandation.
Utilisant le réseau social Steemit comme colonne vertébrale, DTube rémunère automatiquement tous les créateurs de contenu avec des revenus en crypto-monnaie Steem, similaire au bitcoin. Les utilisateurs qui laissent des commentaires sur les vidéos peuvent également se voir récompensés sous forme de crypto-monnaie.
Lbry.tv
Lbry.com est une autre plate-forme de partage basée sur la technologie blockchain. Il s’agit d’un réseau permettant de télécharger des apps, des fichiers vidéo ou audio, des documents ou tout autre type de fichier (comme Bittorrent), de fixer un prix en streaming ou par téléchargement (comme iTunes ou Amazon) ou de les mettre à disposition gratuitement (comme YouTube mais sans publicité).
Lbry.tv fonctionne comme une sorte de navigateur pour le réseau Lbry, avec là encore une interface similaire à celle de YouTube, mais sans censure ni centralisation.
Fait révélateur, de nombreux YouTubeurs parmi les plus populaires sont également présents sur Lbry, comme Veritasium, Minutephysics, John Stossel ou 3Blue1Brown, tout comme des personnalités impliquées dans la défense de la liberté d’expression, dont Jordan Peterson, Benjamin Boyce ou Justin Murphy. Des studios hollywoodiens indépendants, comme Oscilloscope, y mettent à disposition leur catalogue de films. On y trouve également plus de 20 000 cours universitaires.
Odysee
Odysee, nouvelle plateforme en ligne depuis le 28 septembre 2020 seulement, s’est fait connaitre très rapidement du public francophone grâce au documentaire Hold-Up, qu’elle héberge depuis sa censure par YouTube et Vimeo. Il s’agit en réalité d’une nouvelle mouture de Lbry.tv, basée sur le même protocole décentralisé LBRY, ce qui explique qu’une majorité de vidéos se retrouvent sur les deux sites.
Il n’y a pas de censure sur Odysee, ce qui explique que de nombreux lanceurs d’alertes, lassés de se faire interdire, aient déserté YouTube pour son concurrent libre. L’interface sombre d’Odysee est particulièrement réussie, avec ses catégories cryptiques (« Cheese », « Wild West », « Lab »…) et son slogan « Don’t Be Evil », pique sarcastique au géant Google, dont c’était la devise officieuse avant qu’il ne devienne l’archétype de la corporation cupide et sans scrupules.
Dailymotion
Le site français Dailymotion est l’un des plus anciens hébergeurs vidéo du web et fut le principal concurrent de YouTube à ses débuts. Si les années ne lui ont pas été franchement favorables, avec 112 millions de visiteurs mensuels, Dailymotion demeure une excellente alternative, grâce notamment à des directives nettement moins strictes (surtout concernant les droits d’auteur), davantage de flexibilité, de tolérance et moins de risques de suppression de contenu.
Dailymotion se présente avec une interface similaire et les mêmes catégories de contenu que YouTube, mais s’en distingue aussi par la qualité des vidéos, puisqu’il permet de télécharger jusqu’à 4 Go avec une résolution de 1080p, alors que YouTube aura tendance à comprimer automatiquement les fichiers.
Vimeo
Fondé par des cinéastes, Vimeo est LA plateforme de choix pour les artistes et les professionnels. Tout le monde créatif, des vidéastes aux agences de publicité, utilise Vimeo, ce qui en fait le site idéal pour découvrir de la musique, des documentaires, des courts-métrages indépendants du monde entier et généralement des contenus de haute qualité (visuels 4K Ultra HD avec HDR, pour être précis), souvent exclusifs.
Vimeo n’a aucune publicité, le site étant financé par les créateurs, qui peuvent choisir de rendre l’accès à certains contenus payants (c’est rarement le cas). L’interface élégante et claire de Vimeo surpasse clairement celle de YouTube, en permettant de se concentrer sur l’essentiel : le film.
Le site dispose d’une communauté intégrée afin que les utilisateurs puissent commenter, suivre des chaînes et partager des vidéos sur les réseaux sociaux. Tout comme YouTube, le lecteur Vimeo peut également s’intégrer dans des sites web.
Veoh
La particularité de Veoh est de permettre aux utilisateurs de télécharger et de publier des vidéos d’une durée illimitée. On peut par conséquent y trouver de nombreux films, séries télévisées et animés, avec une interface utilisateur claire et plusieurs fonctionnalités de réseautage social telles que l’ajout de contacts, la création de groupes et la messagerie directe.
Internet Archive
La section vidéo de l’Internet Archive propose une variété étonnante de contenu : vieux documentaires, séries télévisées des années 50, films oubliés, qu’il est possible de trier en définissant des filtres pour l’année, la langue et le sujet. En explorant un peu, on peut y dénicher d’innombrables pépites introuvables sur d’autres plateformes. De plus, n’importe qui peut contribuer à ces archives en y téléchargeant du contenu gratuitement.