50 millions de pneus… une décharge à ciel ouvert
Dans le désert du Koweït, des millions de vieux pneus s’entassent depuis trente ans dans des décharges qui s’étendent à perte de vue. Ils s’embrasent régulièrement, créant des colonnes de fumées toxiques visibles de l’espace.
Le Koweït ne sait que faire du plus grand cimetière de pneus au monde. Se rependant à perte de vue dans le désert de ce pays du Golfe Persique, des décharges à ciel ouvert contiendraient au total plus de 50 millions de pneus, provenant du Koweït et des pays voisins, accumulés au cours des trois dernières décennies. Si initialement, les pneus devaient être enterrés dans le sable, aujourd’hui les gigantesques étendues de caoutchouc noir sont visibles depuis l’espace.
L’un de ces sites tentaculaires est situé dans la région d’Arhiya, à cinq kilomètres au sud de la ville de Jahra. S’étendant sur plus de 600’00 mètres carrés, c’est celui qui a pris feu au debout du mois, générant une colonne de fumée noire toxique qui a obscurci le ciel pendant près de deux semaines. Selon le gouvernement koweitien, l’incendie aurait fini par être confiné et maitrisé.
Un phénomène annuel régulier
Mais ce n’est de loin pas la première fois que les décharges du Koweït sont en feu. L’immense panache de fumée noire, visible à des centaines de kilomètres à la ronde, est même devenu un phénomène annuel régulier. En avril 2012, un premier incendie, délibérément allumé celui-ci, avait révèle au monde l’existence des méga-cimetières de pneus du Golfe Persique. Cinq millions de pneus étaient parti en fumée, avec des dommages environnementaux colossaux. En novembre 2019, un autre incendie avait mis des semaines à s’éteindre, consumant 25’000 mètres carrés. En octobre 2020 et en avril 2021, deux autres sinistres majeurs ont encore été signalés.
Plus de 3 milliards de pneus produits chaque année
On peut bien sûr se demander pourquoi une matière inflammable et polluante est stockée dans un environnement où les températures dépassent régulièrement les 50 degrés. C’est que les pneus sont l’une des sources de déchets les plus problématiques, en raison de leur volume colossal (plus de trois milliards de pneus sont produits chaque année dans le monde), de leur durabilité et du fait qu’ils contiennent toute une gamme de composants écologiquement dangereux.
Les incendies de pneus sont particulièrement difficiles à éteindre, et l’abondante fumée qu’ils génèrent contient des tonnes de substances chimiques toxiques et cancérigènes, comme le monoxyde de carbone et les oxydes de soufre. De plus, les pneus libèrent lorsqu’ils brûlent des métaux lourds et du pétrole qui s’infiltrent dans le sol, polluant la terre et l’eau.
Le gouvernement koweïtien affirme chaque année avoir pris des mesures pour limiter les impacts dangereux de ses décharges géantes. Pour l’instant, le plus grand changement est… l’ouverture d’un nouveau site de 2 millions de mètres carrés à Salmi. Ou devrait, à terme, être construites des usines de traitement et de recyclage.