Nomadisme, le travail sans bureau
Travailler depuis une destination tropicale, au bord de la piscine, une bière à la main ? C’est possible, et pour un nombre croissant (jusqu’à l’an passé) de digital nomads, c’est même une réalité. Mais au-delà du cliché, qu’est-ce que le nomadisme professionnel, en 2021 ?
Qu’est-ce qu’un travailleur nomade ?
Alors que le terme de télétravail sous-entend travailler depuis chez soi, le nomadisme est l’art de travailler n’importe où – sauf au bureau. Et pas uniquement dans un autre espace physique, mais parfois aussi sous un autre fuseau horaire !
Un travailleur nomade, c’est quelqu’un qui travaille quand il le souhaite (ou le peut…), et surtout d’où il veut. Sentiment de liberté, flexibilité accrue, diminution (voire disparition) du temps de transport, fluidité des échanges, bien-être général, responsabilisation et autonomie… le nomadisme ne semble avoir, a priori, que des avantages, et permettre un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Mais est-ce bien le cas ?
Nomadisme intra, inter ou extra entreprise ?
Commençons par distinguer deux types de nomadisme :
- Intra entreprise : le terme désigne le travail accompli hors du poste habituel, sans pour autant être hors de l’entreprise : par exemple dans des open space en libre-service, comprenant tous les outils nécessaires mais qui ne sont pas réservés nominativement, ou dans des sites extérieurs, géographiquement distants mais appartenant à l’entreprise.
- Inter ou extra entreprise : le travailleur nomade opère à l’extérieur des locaux de l’entreprise, par exemple depuis une chambre d’hôtel, un café, ou l’un des innombrables espaces de co-working qui ont fleuri un peu partout dans le monde.
- On parle aussi de nomadisme en entreprise pour désigner les tâches effectuées en dehors des plages horaires traditionnelles : c’est le nomadisme temporel.
Quels métiers pour les nomades digitaux ?
Même si de nombreux métiers pourraient théoriquement se pratiquer en nomade, ce sont principalement les travailleurs freelance et les domaines de la communication, du marketing, du web et du digital en général qui s’adaptent le mieux à ce mode de travail :
- développeurs
- community managers
- graphistes
- web designers
- rédacteurs web
- etc.
Des métiers qui n’ont le plus souvent besoin que d’un ordinateur portable et d’une connexion internet pour se lancer dans une journée complète de travail.
Le nomadisme digital serait-il seulement réservé aux indépendants qui plaquent tout pour vadrouiller à l’année ? Depuis la crise sanitaire, les salariés demandent aussi à pouvoir télétravailler, et même depuis l’étranger, au moins quelques semaines ou mois par an. Mais ce n’est pas gagné…
Nomadisme : quels avantages pour l’employeur ?
Pour l’entreprise, le travail nomade présente pourtant de nombreux avantages :
- Réduction de certaines charges, à commencer par celle du loyer, puisque les espaces de bureaux peuvent être redimensionnés, voire dans certains cas totalement abandonnés ; mais aussi les charges liées à la maintenance d’un système d’information.
- Réduction des déplacements professionnels coûteux et des trajets qui nuisent souvent à la vie personnelle des pendulaires, sans parler de l’impact environnemental, grâce aux outils de travail collaboratifs qui permettent de réaliser les réunions en visioconférence.
- Responsabilisation des collaborateurs, accroissement de la flexibilité et de la réactivité pour un service rendu plus qualitatif. Le travail à distance laisse davantage de temps aux employés, temps qui sera de surcroît mieux exploité.
Organiser le nomadisme dans l’entreprise
Mais la mise en place du travail nomade nécessite aussi des prérequis non négligeables :
- Des outils adaptés : les ressources de l’entreprise doivent être centralisées au sein d’applications mobiles (cloud computing, logiciels décisionnels, outils collaboratifs) permettant à tous les collaborateurs d’accéder à leurs dossiers, consulter leurs mails, répondre à la demande pressante d’un client, partager ou travailler sur un même document ou de mettre à jour une stratégie, depuis n’importe où.
- Une confiance accrue accordée aux collaborateurs : le management doit les responsabiliser et redéfinir le niveau d’autonomie qu’il leur laisse.
- Le lien avec l’entreprise doit être repensé : à partir du moment où les salariés cessent partager le même espace de travail, comment préserver le sentiment d’appartenance à l’entreprise ? Comment maintenir les liens entre les membres d’une même équipe et conserver une certaine cohésion ?
- En bref : l’organisation du travail doit être formalisée, claire et partagée en amont.
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Dans un monde du travail habituellement axé sur les horaires et la présence, le développement du nomadisme suppose un changement profond d’attitude et de culture, tant de la part de l’entreprise que des salariés, qui doivent vouloir s’approprier les pratiques nomades, qui bouleversent à la fois la notion de « bureau », mais aussi celle de « journée de travail », et peuvent ainsi parfois, non pas améliorer, mais bien plutôt mettre en péril l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle… et vous-même, quelle a été votre expérience du télétravail et du nomadisme, quelles anecdotes, pour quel bilan aujourd’hui ?
Ce qu’il faut retenir
- On distingue le nomadisme intra entreprise (sans poste de travail fixe) et extra entreprise (à l’extérieur de celle-ci).
- Les indépendants et les métiers de la communication représentent encore la majorité des travailleurs nomades.
- Pour l’employé, le nomadisme peut offrir une plus grande autonomie et un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle… mais peut également avoir l’effet inverse.
- Pour l’entreprise, la mise en place du travail permet une réduction des coûts (loyers, déplacements) et un gain de flexibilité… mais exige aussi certains investissements, et une véritable réflexion.