Une plateforme dans la tourmente
D’un côté, des praticiens qui lui reprochent de viser la rentabilité plutôt que la qualité. De l’autre, des médecins qui l’accusent de promouvoir des pratiques potentiellement dangereuses. Et au milieu, une start-up ambitieuse, prise au piège de ses propres ambiguïtés.
Médoucine, c’est le Doctolib des médecines douces : une plateforme en ligne qui réunit près de 2000 praticiens d’à peu près tout ce qu’on connait en matière de thérapies complémentaires, du reiki a la sophrologie en passant par la naturopathie, la méditation, la sophrologie ou encore l’ayurvéda, et qui permet la prise de rendez-vous en quelques clics. Les thérapeutes qui souhaitent être référencés sur le site souscrivent simplement un abonnement mensuel. En outre, cette start-up créée en 2016 leur propose des cours et formations, sensées leur apprendre à se vendre, élargir leur clientèle, mieux communiquer, se professionnaliser et favoriser une attitude entrepreneuriale.
Le business avant l’éthique ?
Médoucine, qui se présente comme « le réseau des meilleurs thérapeutes français » affirme réunir aujourd’hui quelques quelque 2000 praticiens et générer plus de de 25’000 prises de rendez-vous par mois. Mais la plateforme tient-elle ses promesses ? Permet-elle d’augmenter réellement le nombre de rendez-vous ? De nombreux praticiens se disent déçus. Les résultats ne seraient pas à la hauteur des chiffres que communique l’entreprise. Médoucine, de son cote, souligne que c’est d’abord aux thérapeutes eux-mêmes de mieux communiquer et de se vendre, et met en avant son offre de cours marketing… payants.
Second problème : il est reproché à la plateforme de ne pas vérifier réellement les diplômes, certifications ou formations que prétendent détenir les praticiens lors de l’inscription. Ni par exemple que les 1200 heures de pratique exigées en théorie aient réellement été effectuées. C’est toute l’ambiguïté d’un site qui propose une offre de soins mais vise avant tout à maximiser sa propre rentabilité, et ou le business aurait pris le dessus sur l’éthique, selon ses détracteurs.
Dans le viseur des médecins
Dans le camp adverse, le Conseil national de l’Ordre des Médecins (CNOM), arc-bouté sur la défense de ses prérogatives, continue sans surprise de diaboliser tout ce qui relève des thérapies non-conventionnelles. En France, légalement, seuls les professionnels de la santé ont le droit de prescrire des médicaments ou de poser un diagnostic – seuls les médecins peuvent prétendre soigner. Sans surprise, le CNOM estime par conséquent que les pratiques disponibles sur Médoucine relèvent de l’exercice illicite de la médecine. Ou seraient dangereuses, car pouvant pousser le patient à renoncer même temporairement à suivre un traitement conventionnel. Ou encore seraient inefficaces et relèveraient de la fraude. En France, le dialogue et la reconnaissance d’une certaine complémentarité ne sont pas encore pour demain.
Pour couronner le tout, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a également le site dans son collimateur. Pour la Miviludes, les thérapies non-conventionnelles proposées sur Medoucine ne sont « ne sont ni évaluées ni fondées scientifiquement ». Par ailleurs, il est reproché à Médoucine, qui cherche à se profiler comme référence incontournable des thérapies alternatives, de publier des articles, sur le site Passeport Santé notamment, qui ne seraient pas totalement objectifs. A l’inverse, bien sur, des nombreuses publications scientifiques financées directement ou indirectement par les géants de la pharma…
J’ai appris plein de choses 😉 merci et bravo !