Monopoly: qui possède le monde?
Ce documentaire hollandais lève le voile sur les deux gigantesques compagnies d’investissement qui contrôlent en toute discrétion l’économie mondiale.
Monopoly est une étrange affaire. Le réalisateur, Tim Gielen, un autodidacte dont ce serait la première production, tient également le rôle de narrateur et apparait au début de son propre documentaire dans un décor semblant généré par ordinateur, tout comme son visage, qui parait, a tort ou à raison, créé par un logiciel « deepfake », ce qui installe d’emblée une atmosphère quelque peu irréelle.
« Quelques gigantesques entreprises dominent tous les aspects de nos vies, commence Gielen. Cela peut sembler exagéré, mais de notre petit-déjeuner au matelas sur lequel nous dormons, en passant par tout ce que nous portons, utilisons et consommons chaque jour, tout dépend de quelques énormes sociétés d’investissement qui déterminent le cours des flux monétaires mondiaux ».
Monopoly prend l’exemple de l’industrie alimentaire, ou chaque marque appartient en réalité à moins d’une demi-douzaine de grands groupes, comme par exemple Nestlé, Danone ou Coca-Cola. Chacun de ces groupes est à son tour détenu majoritairement par un petit nombre d’actionnaires principaux, généralement des « investisseurs institutionnels », c’est-à-dire des fonds d’investissement, des compagnies d’assurance, des banques et, dans certains cas, des gouvernements. Parmi ceux-ci, trois noms reviennent systématiquement. Ce sont State Street, BlackRock et Vanguard, les trois plus grandes sociétés de gestion d’investissement au monde. Ce qui signifie que Coca et Pepsi, loin d’être concurrents… appartiennent en réalité aux mêmes actionnaires.
L’exemple des GAFA
Gielen poursuit sa démonstration avec la “big tech” : Meta (Facebook, WhatsApp, Instagram), Alphabet (Google, YouTube, Android), Apple et Microsoft. Sur le podium des principaux actionnaires de chacune de ces entreprises, à chaque fois, les trois mêmes noms, et avant tout BlackRock et Vanguard, loin devant.
Ceci est vrai pour toutes les industries, sans exception, affirme Gielen, qui prend l’exemple d’un départ en vacances : depuis le site internet et le système de paiement avec lequel on réserve son billet jusqu’à la compagnie d’aviation, mais aussi l’entreprise qui a construit l’avion, la compagnie minière qui a extrait le métal dont il est fait ou celle qui a raffiné le kérosène qu’il consomme : tout, absolument tout est détenu majoritairement par la même poignée de banques, assurances, fonds et compagnies d’investissement… qui elles-mêmes appartiennent à un petit nombre d’actionnaires institutionnels, chacun détenant les actions de l’autre.
Le sommet de la pyramide
Au final, l’ensemble forme un immense réseau comparable à une pyramide. Les petits investisseurs sont détenus par de plus gros investisseurs, qui eux-mêmes sont contrôlés par des investisseurs encore plus importants. Au sommet visible de cette pyramide, Vanguard Group et BlackRock Inc. Deux sociétés dont la puissance dépasse l’entendement : non seulement elles détiennent une grande partie des actions d’à peu près toutes les entreprises majeures de la planète, mais également une majorité d’actions des investisseurs secondaires de ces entreprises. Une situation qui s’approche dangereusement d’un monopole : en 2028, leur valeur commune devrait dépasser les 20 billions (20’0000 milliards) et “elles possèderont pratiquement tout sur Terre,” selon le magazine économique Bloomberg, qui définit BlackRock comme « la quatrième branche du gouvernement » américain.
C’est la que les choses se corsent. Quel est l’actionnaire principal de BlackRock ? Vanguard. Et quel est l’actionnaire principal de Vanguard ? Impossible de le savoir. Vanguard est une compagnie privée, dont la structure particulière permet de ne pas dévoiler ses actionnaires. Mais il ne peut s’agir, affirme Monopoly, par la force des choses, que du fameux 1% de super-riches qui possède davantage que les 99% de la population mondiale – le 1% qui en 2017 a effectivement empoché 82% de la richesse créée globalement.
Gielen annonce que son prochain film devrait être consacré à ces quelques dynasties a l’origine du système bancaire américain et mondial et qui forment aujourd’hui le 0.01%, et à la façon dont celles-ci utilisent notamment des fondations à but non-lucratif, dont pour les plus visibles, l’Open Society de George Soros, la Fondation Bill & Melinda Gates ou la Fondation Clinton, pour cofinancer des organisations internationales comme l’OMS, ou l’ensemble des médias – par ailleurs propriétés eux aussi de quelques grands groupes, détenus majoritairement pas les mêmes actionnaires.
Les réseaux du WEF
La seconde partie du film a tendance à s’éparpiller un peu, et surtout sur un terrain déjà bien exploré : on y retrouve inévitablement le World Economic Forum, ou l’élite politico-financière forme ses « futurs leaders » et coordonne ses plans pour renforcer son pouvoir (« Si le but du WEF était réellement de résoudre les problèmes du monde, en près de 50 ans d’existence, son bilan serait tristement catastrophique » relève justement Gielen) ; le « Build Back Better » de Klaus Schwab, repris comme un mantra par les gouvernants du monde entier ; son « Great Reset » et l’Agenda 2030 de l’ONU, qui partagent la même vision d’un « new world order » ou l’individu sous contrôle sera dépossédé (« vous ne posséderez rien et serez heureux ») en faveur de corporations globales qui géreront la planète comme une entreprise géante sous l’égide d’un gouvernement mondial ; la façon dont la pandémie, annoncée et préparée par des simulations comme Event 201, a été instrumentalisée pour faire avancer ce projet, etc.
Sur la fin, Monopoly s’égare même un peu en mettant sur le même plan l’assassinat de Kennedy, celui John Lennon, le « suicide » (extrêmement suspect il est vrai) de John McAfee et le martyr de Julian Assange. « Une autre voie est possible », conclut Gielen. Sans doute, mais malheureusement son documentaire ne pousse guère à l’optimisme. Attendons la suite…