Jean Uroz
Merci a Marie-France Uroz de m’avoir fait confiance pour la réécriture du texte d’introduction au magnifique travail de son mari, l’artiste peintre et sculpteur Jean Uroz, ainsi que pour sa biographie.
C’est avec pudeur que l’artiste s’exprime et c’est à travers son travail qu’il s’extériorise le mieux. L’expression artistique est son moyen de communication privilégié et l’art est le langage qui le lie aux autres pour ouvrir l’échange, le partage d’un moment de vérité, d’une émotion.
Fasciné par la beauté et la richesse du lien humain, Jean Uroz cherche à en restituer toute la dimension dans son travail, lui rendant hommage notamment au travers d’œuvres qu’il veut esthétiquement séduisantes et visuellement harmonieuses. Cette quête résolue, intentionnelle et primordiale de la beauté constitue le fil conducteur de toute sa création, tant dans ses peintures que dans ses sculptures.
La beauté comme refuge
Mais derrière la beauté formelle se cache toujours une histoire vécue, une douleur lancinante remontant souvent à l’enfance. Refusant de se complaire dans la négativité et l’apitoiement, Jean Uroz l’exorcise par l’harmonie et trouve son réconfort dans l’équilibre. Partant de son vécu, il vise une dimension universelle. Au-delà du particulier, trouver le sens profond.
Car son travail nous parle de l’Humain, dans ses émotions partagées et sa dimension spirituelle. Nos expériences, nos joies et nos souffrances nous unissent et nous lient, au-delà des particularités individuelles et des classes sociales. L’art, qui permet d’altérer les perceptions, a aussi le pouvoir d’ouvrir à l’autre dans le respect mutuel. Une préoccupation que l’artiste traite parfois avec gravité, parfois avec légèreté.
L’universel comme horizon
Puisant dans un vaste répertoire commun de légendes connues de tous, de contes populaires, de mythes universels ou de faits historiques, Jean Uroz s’en sert pour transmettre un message subtil, jouant poétiquement avec les notions d’identité, d’appartenance à une culture ou un lieu, d’individualité et de communauté. Là aussi, derrière l’emprunt thématique au domaine du conte, vu à travers le prisme du vécu de l’artiste ou de celui de ses proches, se cache la même intention d’universalité.
Longtemps fasciné par l’Asie en général et la culture traditionnelle japonaise en particulier, pour sa quête de calme et de détachement du monde, Jean Uroz a exploré et exprimé cet envoutement dans la série Il était une fois…, élaborée sur une période de sept ans. Actuellement, il travaille sur une réinterprétation personnelle des mythes de la Genèse.
Une œuvre réaliste et graphique à la fois
Esthétiquement, l’œuvre de Jean Uroz se veut résolument réaliste, mais aussi graphique. Un peu comme si le croquis et le réel coexistaient sur un même plan et dans la même dimension. Les couleurs choisies, à la manière des romantiques, apparaissent dans des tons pastel pour finir leurs courses sur des tons plus vifs et contrastés. Ceci afin de guider le visiteur sur un chemin où l’émotion serait progressive, afin que l’implicite puisse prendre place.
Pour la première étape du processus, la création des ébauches, Jean Uroz a recours au fusain, aux crayons de papier, opère des collages puis réorganise souvent toutes ses idées au moyen des outils informatiques.
Dans la phase de réalisation de ses œuvres, les matériaux utilisés sont multiples et l’artiste extrêmement polyvalent. Sur les toiles, c’est fréquemment de la peinture acrylique qui est utilisée. L’huile est réservée à des projets particuliers, de longue durée. Pour lui, «l’acrylique est aujourd’hui le matériel le plus adapté à la vitesse du monde dans lequel nous vivons, où prendre le temps est un luxe». En sculpture, il ne craint pas de s’attaquer à la pierre, au marbre, mais également au bois et au métal, ce dernier étant son support de prédilection, qu’il soude à main levée.
Mobilisé par ses préoccupations artistiques et humaines, Jean Uroz s’est aussi tourné vers la formation, à travers d’ateliers et de cours artistiques, dispensés dans son studio pour un public varié et multiple, tant en termes de compétences que d’horizons sociaux.